Service Civique : "Il se passe toujours des choses » (Emily, volontaire à L'Arche à Paris)
Emily Eich, allemande de 20 ans, a effectué cette année un service civique à L’Arche à Paris. Elle revient pour nous sur son expérience enrichissante de volontaire.
Pourquoi es-tu venue à L’Arche à Paris ?
Je voulais faire une année à l’étranger après mon bac. Je suis passée par un organisme allemand qui m’a proposé L’Arche à Paris. Je voulais apprendre une autre langue. Je prends déjà des cours de français en Allemagne. Du coup, j'étais très intéressé d’aller en France. C'était une opportunité après mon bac. A L’Arche, c’est très intéressant parce qu’on peut vraiment apprendre une autre langue. On est vraiment intégrés dans la vie du quotidien. La vie en foyer, c'est quelque chose de très particulier. Ma vie avant était très différente. J’habitais avec mes parents, aujourd’hui j'habite avec des personnes handicapées en France, avec d’autres volontaires. C’est vraiment cette atmosphère familiale dans les foyers qui m'a vraiment intéressé. Je voulais vraiment apprendre à vivre avec des personnes handicapées, découvrir leur vie et partager la mienne avec eux.
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris quand tu es arrivée dans le foyer ?
Une chose qui m'a vraiment surpris c’est que les personnes avec un handicap font les choses seules. Elles mènent une vie normale. Elles vont au travail ou au Centre d’Activité de Jour (C.A.J). Dans la journée, elles peuvent faire beaucoup de choses seules. En plus, c'est très facile d’entrer en relation avec elles. Avec certains, je peux vraiment beaucoup parler. Ce sont des relations normales.
Comment as-tu été accueillie ?
Ania, une personne accueillie dans mon foyer, m'a parlé dès le premier jour. Et cela m'a vraiment aidé. Je ne parlais pas le français. Je ne me sentais pas vraiment à l'aise. Le premier jour, on a tous mangé le soir ensemble. Cela aide vraiment à se sentir à l’aise. Comme dans une petite famille.
As-tu le sentiment d’être dans une grande colocation ?
Tout à fait. Il faut aussi faire les choses à la maison, le ménage par exemple. Ce ne sont pas que les équipes qui font cela. Au foyer Viim, par exemple, le matin ce sont les personnes avec un handicap qui préparent le petit déjeuner. Les volontaires font le linge du foyer et d’autres choses. On partage la vie du quotidien.
Quels sont les moments que tu préfères au foyer?
J'aime beaucoup les moments du quotidien. C'est touchant quand je sens que je suis vraiment intégrée, que les personnes handicapées pensent à moi aussi. Parfois, ils m’aident. Ils font aussi des choses pour moi. Je me souviens, alors que je faisais de courses avec Élisabeth. J’avais un sac qui était très, très lourd. Je ne voulais pas lui demander de l'aide. Tout à coup, elle m'a aidée spontanément à porter ce sac de courses qui était trop lourd pour moi. Elle a vu que j'avais du mal à le porter. Je trouve ça vraiment chouette. Ces moments, c’est vraiment la vie de foyer.
Est-ce une expérience qui t’a changé ?
C'est la première fois que j'habite seule. Du coup, cela fait une grande différence pour moi. Maintenant, je ne suis pas avec mes parents. Je fais les choses seules. Je fais beaucoup de choses à la maison, je fais la cuisine. C'est aussi de nouvelles expériences pour moi d'être à l'étranger avec une autre langue. Cela m’a rendu plus autonome.
Ton regard sur le handicap mental s’est-il transformé ?
Oui bien sûr. Quand on voit une personne handicapée dans la rue qui fait des bruits curieux et qui parle à voix haute, on ne sait pas pourquoi elle fait cela. On trouve cela bizarre. Quand on habite avec des personnes avec un handicap mental, on le voit comme un humain avant tout. On le gère, on a l’habitude. Ce sont des humains comme tout le monde. Ici à L’Arche, tu dois vraiment entrer en relation avec beaucoup de personnes, dont certaines qui sont très différentes de toi. Je pense que cela va m’aider pour l’avenir quand je serai à l'université ou dans mes relations aux autres. On est un peu plus ouvert, je crois, après L’Arche, car on expérimente beaucoup avec les personnes handicapées. Il y a des handicaps très, très différents. Il faut toujours s’adapter. Cela sera la même chose au travail plus tard. Il faudra s’adapter aux autres. Il faut savoir gérer des conflits.
Qu’est-ce qu’il y a de spécial à L’Arche ?
On fait beaucoup de choses ensemble. C'est comme dans une petite maison. Il y a une atmosphère très familiale qui est très particulière parce qu’on y habite avec les personnes handicapées. On partage vraiment leur vie. Même quand je suis en congé et que je rentre au foyer, je parle toujours un peu avec eux. Même si ce n’est pas mon jour de mission. C'est vraiment une chose très particulière. C'est L'Arche pour moi, c'est la vie au foyer. C’est cet esprit de famille. L’Arche est vraiment une expérience très particulière que j’aime beaucoup. Je suis très contente d’être ici. Il se passe toujours des choses.